Devenir simple spectateur

Nos enfants ont acquis une autonomie et une indépendance assez tôt.

Après mille et une bêtises, pour certains (des petites, des moyennes, des grosses, des énormes !) ils sont devenus ensuite des adultes dont je suis vraiment très fière.

Ils ont un mental, un fonctionnement que chaque parent serait heureux de voir chez ses enfants.

Depuis quelques temps, se pose un problème qui, pour moi, est de taille. Je voudrais continuer à faire tout pour que la vie aille bien, et se déroule au mieux ; parce que c’est aussi le rôle d’une maman de faire ainsi, même si des fois les choses nous échappent, et que nos enfants décident de faire ce qui sera le pire pour eux, même si vous avez tout fait pour que le pire n’arrive jamais.

Il y a un moment ou il faut savoir laisser son enfant prendre ses décisions, parce qu’il arrive un moment ou les parents ne sont plus que conseillé, et non décisionnaire ; ils ne sont plus que simple spectateur, et non acteur ; même si la décision qu’il prendra va le mener droit au mur.

En tant que parent, c’est ce que vous tentez d’apporter à votre enfant qui est malade, d’une maladie incurable.

Lorsque tous ces éléments sont là, pour que votre enfant ait une vie des plus normales, malgré sa maladie ; vous vous dites que vous avez réussi à surmonter le pire pour lui. Une vie qui aurait dû être remplie d’hospitalisations à répétition, de traitements lourds, longs et douloureux. Et vous êtes tellement heureux que votre enfant ne vive pas celà, que vous pensez que les choses dureront ainsi longtemps, très longtemps, parce qu'il a tout en main, pour que ça reste ainsi …

Je pense que nous avons mis tout en œuvre afin que la vie de notre trésor soit la plus normal possible.

Toutes les chances sont de son côté afin de vivre normalement, d’aller bien, de ne jamais être plus malade que les autres. Protéger sa santé, et celle des autres.

Avoir la chance d’une vie normale, uniquement en ne prenant que 6 comprimés par jour. Vivre comme tout le monde, aussi longtemps que tout le monde.

Rester près de nous comme n’importe quel autre enfant.

Mais c’est sans compter sur le mental que votre enfant prend par lui-même, un beau jour. Et là, vous n’y pouvez plus rien. Vous devenez alors le spectateur d’un joli gâchis. Car votre rôle à un moment est réduit à cela, lorsque votre enfant se met à faire n'importe quoi avec sa santé, avec son traitement. Avec son avenir, avec la santé de ceux qui l'aiment, avec l'avenir de ceux qu'il est sensé aimer, qu'il est sensé lui aussi, protéger !

Retirer la pelle des mains de celui qui creuse sa tombe, ne l’empêchera pas de continuer à creuser avec ses mains.