Tourner la page du livre
Lundi, a ravivé la peine, et la douleur, mais s'était-elle éteinte à un moment ?
On vit avec, on survit en sa compagnie ; elle s'atténue par moment, mais ne disparaît jamais complètement.
Lundi, Damien m'a redonné toutes les affaires de Bé. Ses vêtements, ses « bricoles », tout ce qui était dans le camion.
Il tourne la page du livre de leur histoire, et bientôt remettra le livre dans la bibliothèque.
Je m'y étais préparée, nous en avions parlé tous les deux. La vie se poursuit pour chacun de nous ; l'avenir est devant nous, et non derrière.
A vivre sur le passé, on passe à côté du présent et des gens qui en font partie.
L'avenir de Damien est devant lui, non derrière ; et je comprends tout à fait cela, je dirais même que je l'encourage à avoir cet avenir.
Nous ne resterons certainement pas proches, il n'y a pas de raison à cela. Et c'est mieux ainsi.
J'aurais dû ranger les cartons, sans mettre le nez dedans ; j'aurais dû .. mais c'était plus fort que moi. Je voulais retrouver un peu de ma fille, caresser ses objets, sentir ses vêtements, retrouver son odeur ; avoir l'illusion de la sentir auprès de moi ..
Je n'aurais pas dû...
Ce n'est pas la mort qui est la plus douloureuse, c'est la vie. La mort ne dure qu'un instant, la vie, tellement longtemps...
Je tourne les pages du livre moi aussi, mais dès que je pose le livre, il s'ouvre automatiquement sur la même page... et jamais mon livre ne se refermera.