Le manque

Le manque...

Certains manque de nourriture, d'autre d'argent, d'autres encore, d'amour...

Certains manques sont plus difficiles à vivre que d'autres.

Moi j'ai la chance d'avoir la nourriture, l'argent et l'amour ; mais j'ai un tel manque de ma fille !

Comme toutes les mamans, nos enfants forment un ensemble. Un ensemble d'êtres individuels et nous aimons chacun d'eux pour des raisons différentes. Il n'y a pas de notion de « plus » ou de « moins » ; et ils forment à eux tous, quelque soit le nombre, la totalité de l'amour qui est en nous.

Perdre un enfant est la pire chose qui soit. La préparation des obsèques, la cérémonie, puis la période de deuil, sont des moments pénibles et douloureux.

Mais ce sont aussi ces moments là qui feront avancer chacun dans sa peine et son chagrin.

Moi, je n'ai pas perdu ma fille … pas de corps à pleurer, pas de deuil à faire.

Un des éléments les plus importants de mon existence à disparu ; comme ça, du jour au lendemain.

Elle n'est pas concrètement morte, mais elle n'est plus concrètement en vie. Cependant, elle n'est plus là. Et le manque est si cruel, si douloureux, tellement difficile à vivre.

Il n'y a pas un jour sans que je me dise que c'est peut-être aujourd'hui que Bérénice va être retrouvée.

Je me suis fait tant de films dans ma tête … il n'y a pas un seul scénario que je n'ai vécu ! Encore et encore. Il n'y a pas une semaine sans que je n'en imagine un nouveau. Tellement je voudrais qu'il en arrive un.

Bien sur, mon souhait le plus cher serait qu'elle soit partie comme ça, sur un coup de tête, dans un lieu reclus de tout, loin de tout et qu'elle ait pu vivre des mois ainsi comme elle le souhaitait, pour enfin revenir. Ce serait mon souhait premier, parce que le meilleur ! Celui que fait qu'elle aille bien et que nous la retrouvions saine et sauve.

Mais après des mois passés, ce scénario a tellement peu de chance de se réaliser. Surtout que Bérénice n'aurait jamais pu partir de cette façon …

Et il y a les pires ! Ceux qui me font si mal, qui m'empêchent de dormir, m'empêchent de manger. Les plus horribles, les plus douloureux rien que d'y penser.

Et malheureusement, ce sont ceux là qui sont les plus fréquents. C'est avec ceux là que je partage ma vie, mes nuits, mes rêves, ou plutôt mes cauchemars !

J'ai un tel manque de ma fille …

Je crois que c'est là, la pire chose qui soit.