Enfants
Les journaux, les infos n'ont de cesse de parler de personnes disparues.
Y aurait-il plus des personnes disparues maintenant qu'avant ? Ou bien est-ce que je vis le même phénomène que lorsqu'on achète une voiture rouge, on ne voit plus que les voitures rouges de même marque, alors qu'elles ne nous apparaissaient pas avant ?
Si c'est le cas, c'est tragique et dramatique !
Je lis beaucoup, écoute et lis les journaux ; des disparitions, j'en ai toujours entendu, vu ; mais autant ? Je ne pense pas !
Peut-être n'est-ce qu'une impression, qu'un ressenti ; en tout cas ça me met mal à l'aise.
Et chaque fois, ça me fait terriblement mal. Non pas pour moi, mais pour ces personnes qui vivent un enfer. Un enfer semblable à celui que j'ai vécu il y aura bientôt 2 ans.
2 ans … j'ai pourtant l'impression que ça fait une éternité ! Tellement longtemps que je n'ai pas serré ma fille dans mes bras .. trop longtemps. J'ai l'impression que ça fait 10 ans !
Et lorsque 10 ans seront passés, je ressentirai quoi ?
Je n'arrive presque plus à me souvenir de son odeur. J'ai tellement serré et mis son écharpe mauve, que maintenant elle a mon odeur et plus la sienne.
Je voudrais tant pouvoir de nouveau ressentir l'émotion de caresser sa peau ; parce que nous les mamans, lorsque nous caressons la peau de nos bébés, lorsqu'ils sont tout-petits, nous sommes envahies par une délicieuse sensation de douceur, de bien-être et de sérénité ; que nous transmettons immédiatement à notre enfant. Et même en grandissant, je ressens toujours cette même sensation, chaque fois que je serre un de mes enfants dans mes bras. Même maintenant qu'ils sont tous adultes, cette sensation reste intacte.
Comme je voudrais pouvoir encore le faire pour chacun d'eux …
L'autre jour nous étions à une soirée et faisions connaissance avec des amis, d'amis ; et forcement, nous les femmes en arrivons à parler enfants, carrières ; la vie quoi, histoire de mieux nous connaître.
Personnellement, je ne lance plus jamais le sujet sur les enfants, ainsi je me dis qu'on va peut-être éviter la question ; mais forcement, on tombe dans cette conversation ! Et lorsqu'une commence sur le sujet des enfants, je me retrouve comme à l'école lors des interrogations orales ; à prier le ciel pour que ça ne tombe pas sur moi !
Lorsque la phrase est venue à moi, mon amie Claude ne me quittait pas des yeux. « Et vous ; Vous avez des enfants Sandrine ? »
Je marque un temps d'arrêt, et réponds « oui » ; juste un « oui » isolé et désolant à prononcer. Parce que je me refuse d'entrer dans aucune explication ; parce que un « oui » devrait suffire ! En tout cas, moi, il me suffit ce « oui » !
Claude est venue me sauver, et à détourné la conversation afin que celle-ci s'éloigne au plus vite, et passe à quelqu'un d'autre.
Pendant longtemps, je ne voulais parler que de ma fille, que de mes enfants. Maintenant, je parle de chacun d'eux avec plaisir, mais je n'arrive pas à me retrouver lorsque j'en parle à d'autres personnes ; parce que ce manque est tellement là ! Il me devient de plus en plus difficile d'en parler.
Je n'arrive plus à me dire que j'ai 5 enfants, et ça me fait horriblement souffrir. J'ai eu 5 enfants !
Je peux embrasser, caresser, profiter de 4 d'entre eux. Je sens l'odeur de chacun, je les serre, je les embrasse, je les cajole.
J'ai eu 5 enfants … et chacun d'eux rempli mon cœur à jamais.