Marche-Arrêt
Me voici en arrêt de travail pour un mois ! Dépression a dit le Docteur.
Moi, je suis scotchée .. Parce que je suis quelqu'un qui ne s'arrête pas. Tout simplement. Mais autour de moi, tout le monde est d'accord avec lui.
Depuis le début de ma carrière (30 ans), c'est ainsi. Les arrêts ne sont pas monnaie courante chez moi. Je pousse le plus loin possible la possibilité de ne pas cesser mon travail. J'ai tout de même eu des arrêts récurrents. C'est arrivé trois fois en 30 ans. 2 Interventions chirurgicales, et 1 pied cassé, avec 2 mois d'arrêt chaque fois, forcement.
Depuis la disparition de Bé, mes arrêts maladie, se comptent sur les doigts d'une main.
2009 : - 2 nuits d'arrêts en Mai, la semaine de sa disparition.
- 1 nuit en Mars : crise d'arthrose au genou
2010 : - Février : 2 nuits d'arrêt : crise d'arthrose au genou (toujours le même)
- Mars : 2 nuits d'arrêt : hospitalisation pour bilan
2011 : - Octobre : 3 nuits d'arrêt : bronchite (que je trainais depuis plus de 15 jours et ne guérissait pas justement parce que je n'avais pas pris d'arrêt à temps)
J'aime mon travail, et je m'y sens bien et épanouie. Donc, je pense que ça aide aussi à ne pas penser à s'arrêter. Et puis, je mets tout mon cœur dans ce que je fais, et au travail, je ne pense qu'aux personnes dont je prends soin ; je laisse au vestiaire, lorsque je mets ma blouse ; mes soucis ; la disparition de ma fille.
Je ne suis pas bien depuis Janvier, et je pousse .. je pousse toujours plus loin … parce que justement, je m'accroche à ce travail. Mais maintenant même en allant travailler, j'ai mal au ventre, mal partout ! Mon boulot ne m'aide même plus à aller bien ; au contraire. On s'est tellement appliqué à ce que je me sente mal au travail ! On en a déployé de l'energie et des méthodes afin que j'aille mal.
Alors j'ai fini par écouter les autres .. ceux qui me voient maigrir à vue d'œil depuis deux mois .. ceux qui voient que je ne mange plus, ceux qui voient la tête de « crevarde » que je trimbale chaque matin.
Alors, face à la pression quasi unanime, je suis allée voir le médecin.
Il m'avait déjà mis 15 jours d'arrêt en Janvier, (parce que j'avais refusé le mois complet) ; mais là, ça a été sans appel : 1 mois ! Et il m'a parlé de centre de repos (que j'ai absolument refusé)
Donc, me voici pour un mois chez moi ; un mois dans mon « home sweet home » ! Heureusement que je suis une « femme d'intérieur » ; à savoir que je ne m'ennuie jamais chez moi.
Il est temps que j'écoute plus les autres … temps que je pense plus à la logique, qu'à ce que je crois le mieux et qui ne l'est, semble-t-il... pas vraiment. Il est temps que je réalise la perversion qui anime certaines personnes ; et qui, avec un certain appui, voir un appui certain ; arrivent à leur fin. Pour détruire quelqu'un, atteignez le dans ce qu'il a d'important .. crevez la bouée qui lui permet encore de nager dans la vie .. et vous le regardez ensuite doucement couler ...
Les choses, là maintenant, me dépassent … j'ai tout fait pour gérer au mieux ma peine, mon chagrin, mes soucis ; en compensant par mon travail, ma famille, mes amis, à qui je préfère consacrer tout mon temps pour ne pas penser justement ..
Moi, qui gère ma vie d'une main de Maîtresse, je me sens broyée dans une machine, dont je n'arrive pas à atteindre le bouton « marche-arrêt » ..
Dépression, dit le Docteur .. arrêt un mois !