Parole de fruit pourri

J'aimais tellement mon travail. Je lui donnais tant d'importance ! Je préférais aller travailler en m'aidant d'une canne plutôt que de me mettre en arrêt., lorsque les crises d'arthrose étaient trop fortes et trop douloureuses.

Je préférais me consacrer aux autres que de pleurer à longueur de temps sur mon propre sort.

Mon boulot d'aide-soignante était ce qui me raccrochait à continuer une vie « normale » malgré la tragédie de la situation depuis 2009. J'ai bossé comme une dingue pour mon diplôme d'aide-soignante ; comme une forcenée pour le concours de la fonction publique territoriale. C'était pour moi, l'aboutissement de tant d'années où ma valeur professionnelle était reconnue.

J'avais la chance de faire un travail dans lequel j'étais totalement épanouie et sereine.

Un investissement, sans faille,  dans ma collectivité. Bien que je sois représentante du personnel. Tout simplement parce que je me plaisais bien dans celle-ci.

Je parle de tout cela au passé ; parce que ceci n'est plus qu'un souvenir dans mon esprit. La dépression dans laquelle m'a poussé mon employeur, aura eu raison de toute ma motivation ; de toute ma volonté.

Jamais je n'imaginais que volontairement on gardait un ver dans un fruit afin qu'il le fasse pourrir . Non seulement le fruit, mais par la même occasion, tout le verger.

Je ne suis qu'un le fruit qu'on a pourri. Et le ver est parti poursuivre sa lourde tache sur d'autres, depuis.

Le jardinier a dit « je peux encore soigner le fruit, si je l'ôte du verger en perdition » Alors que moi, j'étais prête à rester dans mon verger chéri …

Je me rends maintenant à la raison. Même si mon esprit a fait de la résistance pendant longtemps. Même si, pour ne plus être en arrêt, j'étais prête à tout. Parce que j'ai toujours été une battante, et que l'inactivité n'est vraiment pas ma tasse de thé ; et parce que coûter de l'argent à ma collectivité me coûte personnellement, énormément, et me ronge de culpabilité.

C'est fou ça : d'être en arrêt maladie à cause de son employeur et tout compte fait se rendre malade de lui coûter du fric !

Mais là, j'ai pris une grande décision : avoir suffisamment de détachement afin d'orienter ma vie vers quelque chose de nouveau. Ne plus me soucier le moins du monde de ces problèmes de boulot. Ma vie personnelle, ma famille, sont mes seules et uniques priorités maintenant.

Parole de fruit pourri !

J'ai réalisé la quantité de pourriture qui gangrène le verger …. dommage pour les quelques jolis fruits qui y sont encore, et que j'affectionne particulièrement.

Tout compte fait, je devrais être reconnaissante ! Oui, vraiment ! Parce que de moi-même, je n'aurais pas pris la décision de quitter le verger. Et tout bien réfléchit, lorsque je vois, et entends les autres fruits me parler de la pourriture latente qui se développe inexorablement ; je me dis qu'en fait, involontairement, on m'aura protégé, en me poussant à quitter le verger.

Je suis bien certaine, que ce n'était absolument pas le but initial ... mais je me sens mieux à voir le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide ! Je me sens soulagée en définitif, qu'on m'ait forcé la main à quitter le verger. C'est peut-être même; la meilleure chose qui aurait pu m'arriver ...

Comments

[Fabienne]

J'espère que ça va te permettre de prendre un nouveau départ.