Petite analyse d'un Représentant du personnel

Lorsqu'un employé s'adresse au Représentants du personnel, pour être aidé dans un litige avec son employeur, il vient avec l'idée d'être dans son bon droit. D'être le seul détenteur de la vérité et d'avoir forcement raison, sur ce qui lui est reproché ; car obligatoirement, quelque chose lui a été reproché par l'employeur. Et qui, la plus part du temps, est considéré comme une faute.

L'employé, attend quelque chose de bien précis. Non pas simplement une aide, qui passe par l'analyse de la situation, mais une adhésion complète et totale à sa façon de voir les choses.

L'employé attend toujours que les représentants du personnel entrent en guerre avec lui, et le défendent corps et âme si nécessaire. Sans jamais que celui-ci n'accepter qu'il puisse avoir eu tord sur certains points du litige. Il ne peut être que dans la raison, que dans la vérité. 

Le soucis, lorsqu'un dossier est particulièrement lourd ; c'est de faire comprendre à la personne qu'elle n'a pas raison en tout. De lui faire accepter qu'une erreur ait été commise, et que certaines fois, une erreur ne peut même pas être défendue.

Lorsque les représentants du personnel en arrivent à devoir expliquer ça, à un employé, s'en suit toujours le même scénario. Ils deviennent subitement incompétents, bons à rien ; et surtout ne comprennent rien à la situation. Uniquement parce qu'ils n'ont pas pris fait et cause pour l'ensemble des données.

Et plus un dossier est « gros », plus la réaction est violente.

Il arrive un moment, où l'employé ne sait plus faire la part de choses.  Que ceux qui sont avec lui, ne doivent l'être, que de la seule façon dont il veut qu'ils soient ; c'est à dire, avec un engagement dans sa propre lutte, à l'équivalence que peut être la sienne ; avec la même rage que peut être la sienne. Et le jugement est impitoyable : ceux qui ne sont pas avec lui à 100 %, avec une totale adhésion à sa façon de faire et de voir, sont contre lui.

Lorsque de situations sont ahurissantes de mauvaise foi et de mensonges de la part de l'employeur ; qu'on entre dans la maltraitance et le harcelement, le plus important pour les représentants du personnel, est de faire comprendre à l'employeur à quel moment il est entré dans la maltraitance. Ce qui n'est absolument pas facile, parce que là aussi, on se retrouve face à des personnes qui se sentent dans une position tellement supérieure ; qu'à aucun moment elles ne reconnaîtront que les choses ont dérapé dans une exagération évidante. La meilleure des méthodes afin de pouvoir faire réaliser à un employeur sa responsabilité, est le dialogue. Celui qui n'est absolument pas visible des autres, qui se fait de façon stratégique  Simplement, parce que le temps nous a appris qu'on n'entre jamais en dialogue en défonçant des portes. 

Mais ça, l' employé ne le comprend pas forcement.  Ce qui est habituel et compréhensif dans certaines situations. Parce que la maltraitance au travail entraîne vers la paranoïa, tellement le traumatisme vécu est important. Il en arrive à douter de la sincérité des représentants du personnel et surtout de leur compétence ; simplement parce qu'il ne peut plus réaliser que chacun a sa propre réalité, ses propres priorités, au sein d'un conflit et que les visions et les pratiques des représentants du personnel ne peuvent pas forcement être identiques à celles de la personne concernée.  Que ce qui est son cheval de bataille, n'est pas  à ce niveau là, chez ceux qui pourtant le défendront sans relache. 

Il faut avoir un certain état d'esprit, pour être dans une guerre et comprendre que d'autres ne peuvent en arriver là. Mais peut-on encore avoir une certaine sérénité dans l'analyse de la situation, lorsqu'on est dans une tourmente qui ressemble plus à un tourbillon profond qui nous entraîne alors qu'on tente de nager pour s'en sortir ? Car c'est souvent la situation vécue par un employé dans la tourmente du harcellement et de la maltraitance. 

Il arrive un moment où non seulement on veut sortir de ce tourbillon ; mais ou on veut carrément la peau de celui qui l'a créé. La rage, dépasse alors toute chose. Ce qui est normal en soi. 

Lorsqu'on est représentant du personnel, il faut savoir comprendre l'état d'esprit de personne en grande souffrance, et comprendre que  peu sont celles qui arrivent à faire encore la part des choses. 

Lorsqu'un employé s'adresse aux Représentants du personnel, il attend un résultat ; qui malheureusement n'arrive pas forcement.  Et s'en suivent obligatoirement des  réactions extrêmes s'il n'obtient pas la satisfaction qu'il attend.

Lorsqu'un employé croit dans un syndicat ; dans les valeurs de celui-ci ; il arrivera à comprendre que tout n'est pas systématiquement gagné par le syndicat. Mais lorsqu'un employé voit un syndicat, comme un bouclier protecteur, et qu'il lui tombent des pavés malgré tout ; sa colère ira contre le syndicat. 

Après toutes ces années, comme représentante du personnel, syndiquée qui plus est ; je comprends que des personnes, dans leur désespoir , en arrivent à ne plus avoir la logique d'une situation. Le syndicat intervient, défend, et prend part au problème, selon ses méthodes et sa façon de faire.  

J'ai toujours du mal, lorsque les gens claquent la porte violemment ; souvent avec perte et fracas, sous l'emprise d'une analyse propre et personnelle, qu'ils ont dans une situation qui les aura rendu paranoïaques. Et  ces réactions, bien qu'elle soient toujours logiques pour les personnes insatisfaites,  sont incompréhensibles pour les réprésentants du personnel.   

C'est le genre de situation malheureusement courante.  Bien entendu, ça ne nous empêchera pas de faire notre boulot avec la plus grande conviction, et le plus grand professionnalisme, même si certains nous claquent la porte au nez ensuite. Mais les représentants du personnel font souvent partie des dommages collatéraux ; que ce soit de la part des employés, ou de la part de l'employeur !  Tout simplement parce que employés comme employeur ont ce point commun ; ça défoule toujours de venir taper sur quelqu'un !