Le temps qui passe

Le temps passe inexorablement, et rien ne revient jamais en arrière. Si seulement c’était possible …. C’est ce que souhaitent sans doute, tous ceux qui voudraient retrouver quelque chose qui n’est plus … le temps du bonheur, le temps de l’innocence … ou retrouver quelqu’un qui n’est plus là … qui manque. Et dont l’absence est un supplice.

Alors, comme tant d’autres, je voudrais pouvoir remonter un temps qui passe trop, et trop vite. 

Depuis longtemps, depuis 7 ans, l’arrivée du 20 Mai est une douleur. Depuis 7 ans, le 4 Mai est un supplice. Et au final, début Mai est plus détestable ! Alors il me faut choisir. Parce que je dois poser des congés pour l’une ou l’autre date. Parce que ces jours sont entièrement dédiés à celle qui me manque tellement.

Le 20 Mai, c’est le jour où Bérénice est venue au monde …Mon bébé tant attendu … tant aimé avant même qu’elle ne montre le bout du nez. Un accouchement comme toutes les femmes rêvent. Idéal.

2h30 de travail, 10 minutes d’expulsion …. Le rêve ! Vraiment.   Les 20 Mai ne devraient pas être douloureux, puisque le 20 Mai 1984 avait été si heureux.  Mais lorsqu’un être aimé …. Adoré … disparait, la date du bonheur devient alors source de peine et de chagrin, parce que ce bonheur a lui aussi disparu. La date de la mort est aussi marquante pour le cœur. Mais le cœur a aussi sa raison. Et deux dates de peine dans le même mois, ça fait trop semble-t-il.  Aussi la date de décès est sans nul doute la plus douloureuse …. Le 4 Mai est donc LA date fatale en ce qui me concerne.

Cette année, j’ai commis l’erreur de poser des congés la semaine du 20 Mai ; pas la semaine du 4. Grosse erreur …. Qui ne se reproduira pas.

Les 3, 4 et 5 Mai, errait  un zombi qui pleurait au moindre mot,  et à fait vivre trois jours d’enfer à ses collègues. Parce que le chagrin est forcement douloureux aussi pour l’entourage.

Les prochaines années, comme ce 4 Mai restera  à jamais un jour de deuil et de larmes, pour moi, je poserai des congés. Afin que ma douleur soit vécue seule à l’abri des autres. Et je garderai un RTT pour le 20 … parce qu’au final, ce jour reste celui où j’ai eu le bonheur de mettre ma fille au monde … mais que je n’ai plus d’anniversaire à fêter ….

Comment serais-tu ma fille, si tu étais restée avec nous …Où serais-tu ? Que ferais-tu ?

Le temps qui passe embu quelque peu ma mémoire …. Mais tout l’amour que j’avais pour toi reste intact. Il ne s’estompe pas … il ne s’amplifie pas  … Il est toujours le même. Identique à l’amour que j’ai pour tes autres frères et sœurs ; mais la différence est que je profite de chaque instant que je passe avec eux … et que maintenant, ils sont tous devenus plus âgés que toi … Même Rose, qui vient d’avoir 25 ans.

7 ans après, Mai reste douloureux …. Jamais je ne me remettrais … mais je dois vivre avec …  et en ce 20 mai, date de ton anniversaire, je n’arrive pas à me dire que tu  aurais 32 ans …. Je me dis juste qu’à jamais je n’ai plus ma fille de 25 ans ….