Association (suite)

Samedi se tenait l'assemblée générale de L' APEV.

http://www.apev.org/index.php?op=edito

En Avril dernier, j'ai fait la connaissance de Mr Alain Boulay. Président de cette association. Nous avons échangés, et il m'a alors proposé de venir à l'association.

Je vois pour la première fois, une association en tant qu'adhérante ; et non en tant qu'active.

Lorsqu'il arrive une tragédie, les gens ont un besoin de se retrouver en association. Association de victimes, très souvent. Non pas pour entretenir l'objet de la tragédie ; mais parce que la tragédie qui est survenue, quelle qu'elle soit, est là, pour le reste de la vie. Alors, si en plus, la tragédie fait de vous, une victime, se retrouver ensemble rassure, réconforte.

L' APEV est, sans nul doute ce qui me fallait maintenant.

Leur façon de militer me plait, leur façon d'être aussi. Et bien que je souhaite n'être qu'une adhérente, qu'une utilisatrice ; ce besoin de rejoindre un groupe de personnes ayant vécu une même tragédie que nous ; même si ça ne m'était pas apparu comme un besoin avant, m'apparait comme une évidence maintenant que j'ai accepté de réaliser que nous aussi sommes des victimes collatérales de la disparition de notre fille.

C'est sans doute de ça que j'ai besoin maintenant. Très certainement même.

Accepter de ne pas être « super nana » en toute circonstance. Accepter que ma peine et ma douleur aient pu prendre le dessus sur toute ma vie.

Il aura fallu que je subisse des soucis professionnels ; pour réaliser ça. Pour comprendre que lorsque tu te raccroches à quelque chose qui n'est rien d'autre que ta bouée de sauvetage, et qu'on te la crève ; tu tentes tout de même de surnager un temps. Mais que tu finis toujours par te laisser aller à couler dans les profondeurs. Et que ce n'est que là, que tu réalises certaines évidences que tu refusais avant de voir. Et dans la profondeur de l'Abysse, j'ai découvert l' APEV.

Une chose m'a frappé ; c'est que dans la vie de tous les jours, ses propres problèmes sont toujours plus importants que ceux des autres. La grippe de son fils l'aura rendu beaucoup plus malade que la même grippe du petit voisin ! L'opération d'appendicite de sa fille aura été beaucoup plus grave que la même opération de sa voisine de chambre ! Les fins de mois sont beaucoup plus difficiles chez chacun que chez les autres. .. Le travail que l'on fait est beaucoup plus stressant que celui de sa collègue ! 

C'est en générale ça ! Pour tout-un-chacun ...
Et là , sur une cinquantaine de personnes ayant toutes vécues des situations toutes plus tragiques les une que les autres, la situation de l'autre sera vuE comme beaucoup plus importante que sa propre situation. 
Parce que quelle que soit la tragédie ; la douleur, la peine et le chagrin sont tellement communs à tous, que l'empathie ne s'oblige pas. Elle est là, naturellement développée chez chacun.

Lorsque nous avons terminé cette AG, et le repas pris en commun ; que Patrick et moi sommes repartis ; je me sentais contente et avait l'impression d'avoir « découvert » quelque chose de nouveau. Comme je le dis, c'est sans doute de ça que j'ai besoin maintenant ...