TDV : Raymonde (2/3)

Travailler dans un bureau, était considéré comme être au-dessus de la classe ouvrière. C'était véritablement un signe de réussite.

En 1927, Marthe, 16 ans, entre dans l'entreprise Kleber ; comme sténo-dactylo ; elle s'installe définitivement dans une vie en dehors du monde ouvrier.

Rapidement, elle est rejointe par Raymonde, tout juste 13 ans, à qui ont donne quelques petits boulots, pendant les vacances scolaires.

Un homme, d'âge mûr pour l'époque ; Ursin, la trentaine passée, a souvent à faire dans l'entreprise Kleber.

Il commence à entreprendre une cour assidue auprès de Marthe ; qui l'éconduit purement et simplement. Elle épousera en 1931, le comptable de l'entreprise. Un jeune homme « bien sous tout rapport », sérieux, et courtois : Henri.

Ursin ne se laisse pas abattre par le refus de Marthe, et jette son dévolu sur la très jeune Raymonde.

Marthe, veille pourtant, et met en garde toute la famille sur la réputation sulfureuse de cet Ursin. Homme divorcé de 35 ans ; buveur invétéré, violent, et dépensier ; selon la réputation qu'il s'est forgée.

Mais l'impensable se produit pourtant. Un jour, contre toute attente, Ursin vient demander la main de Raymonde ; à la consternation de toute la famille.

Il fait alors comprendre que ce mariage était nécessaire, compte tenu de la situation. Situation délicate, que confirme Raymonde. Le mystère reste entier sur les circonstances de cette situation, pour le moins inattendue.

Ursin se lance alors dans des explications … Que Raymonde, du haut de ses 14 ans, de dément pas.

Marthe tente de persuader sa sœur de ne pas se marier ; les parents sont prêts à assumer la venue de cet enfant ; mais Raymonde refuse de n'être qu'une « fille-mère », et de voir son avenir sali. Et puis, Ursin a une bonne situation … son destin est là !

Les noces ont lieu le 21 Décembre 1929. Raymonde vient de prendre 15 ans. Mais le bébé ne verra jamais le jour. La famille apprendra, bien plus tard, que les coups répétés d'Ursin, envers sa toute jeune femme ; seront responsables de cette interruption de grossesse.

Pendant les années qui suivront, Raymonde changera physiquement. Si elle reste jolie, sa maigreur inquiète Marthe et Marcelle. La tristesse devenue naturelle sur son visage ; tout autant.

Mais Raymonde ne se plaint pas ; et ne dit rien.

En 1931, naît Jannine ; qui apporte une touche de bonheur pour la jeune femme alors âgée de 17 seulement.

Ursin refuse qu'elle travaille ; elle s'occupe donc de sa fille et de son foyer.

Alors que Raymonde et Ursin ainsi que la petite Jannine vivent dans un modeste appartement de Bois-Colombes  ; le reste de la famille habite ensemble, en location, dans un grand immeuble.

Au 1er étage, il y a Maurice et Marcelle ; au second étage, Marthe qui a épousé Henri, en 1930,  et ont eu le bonheur de voir la naissance en 1934 de leur fille Andrée. Et tout en haut, sous les toits, se trouve la maman de Marcelle ; Marie. (appelée Maman 4, par ses deux arrière-petites-filles)

Aux réunions familiales, Raymonde vient seule avec Jannine, chez ses parents. Ursin n'est plus le bienvenu, en raison de sa violence envers sa femme.

Maurice et Marcelle ; ainsi que Marthe et Louis ; ont tenté de persuader leur fille de divorcer, mais la jeune maman ne se résigne pas à la faire. Être une femme divorcée en 1933, c'est se marginaliser et se faire une réputation que la douce Raymonde n'est pas prête à assumer ; malgré la bienveillance de sa famille.

Un jour de 1936, Raymonde annonce à sa famille, être de nouveau enceinte. Mais ce qu'elle fini par montrer est effroyable. Un ventre arrondit tuméfié, en raison des coups infligés par son mari, qui ne veut absolument pas d'un autre enfant.

S'en suit une intervention de Maurice, qui quelques jours plus tard, s'en va mettre à Ursin, la raclée de sa vie.

Plusieurs jours passent, sans que personne n'ait de nouvelles de Raymonde. Mais après presque deux semaines, Ursin vient un soir dire que Raymonde n'est pas bien.

Marcelle se précipite chez sa fille, et revient affolée pour dire qu'il faut aller la chercher en urgence pour la faire hospitaliser.

Henri emprunte une voiture, et avec Maurice, il emmènent Raymonde à l'hôpital.

Le verdict est sans appel : Raymonde a eu recours à une « faiseuse d'anges », dans un travail bâclé et immonde d'insalubrité. Ce qui lui a provoqué une hémorragie dont elle ne va pas se remettre.

Marcelle décide alors de ramener sa fille chez elle. Marthe et Henri, prenant Jannine avec Andrée.