Charlie

En 2015, après l'attentat à Charlie Hebdo ; comme tout le monde, j'ai été horrifiée ! Comme tout le monde, j'ai mis en étendard sur mon FB "je suis Charlie".

Comme je l'avais dit à l'époque ; je n'aime pas particulièrement Charlie. Mais strictement personne ne devrait mourir pour ses idées ; ses idéologies, ses dessins, ses écrits.

Rien de tout ça ne justifie la mort ! Aujourd'hui, une fois de plus, l'hebdomadaire est à la une, pour son "aller trop loin" ! Si le fond se comprend, la forme dérange ! Un tout autre dessin aurait très bien pu compléter l'article ; mais conne toujours, c'est le plus accrocheur qui a remporté la parution ! Parce que Charlie, c'est aussi ça ! Allez toujours plus loin dans la provocation ! 

Dans les années 70, lorsque Charlie est paru ; mon père le prenait. C'était surtout la politique qui y était abordée ; et les incontournables caricatures qui les accompagnaient. C'était LE journal, d'après mai 68 ; celui qui était "anti-tout" ; et dénonçait tout !

Déjà prêt à tout pour choquer ; le scandale de 1977, lorsque le journal prend clairement la défense des pédophiles de Versailles ; mettra C.H dans une posture dont ils auront du mal à se sortir. Le journal  se défendra, en disant que c'était de l'humour ; mais cette histoire va commencer à éclabousser le journal. Montrant que non ; on ne peut pas rire de tout !

Au sein même de Charlie, il y a des désaccords ; pas forcément sur le fond, mais bien sur la forme. 

Dans les année 80, Charlie Hebdo est tellement en perte, de ventes et d'abonnés, qu'il n'est qu'en sursis.

L'incontournable succès de Coluche, dont C.H sera le journal officiel au moment de la campagne électorale ; a sans doute accéléré cette descente.

Fin 81, c'est le dépôt de bilan. Charlie Hebdo n'est plus ! Et les auteurs viennent s'étriper dans le direct de "droit de réponse" (que je ne ratais pas pour un empire !!) de Michel Polac en 1982.

10 ans plus tard, l'hebdo sera relancé, par d'autres ; sous forme d'une société par actions. (un comble quand on y pense !) et va de querelles en démissions ; en passant par quelques procès.

Il faut 35 000 ventes pour que l'hebdomadaire vive ; mais en 2014, il n'atteint que 30 000 exemplaires. Une catastrophe qui va les mener, de nouveau vers une fin inéluctable.

L'attentat de 2015, relance la machine ; les abonnements et les parutions. Mais depuis, ne cesse d'être en baisse. Avec toujours plus de "unes" racoleuses. 

Charlie, est allée de baisse continuelle, d'audience et de parution ; jusqu'à 2015.

Le sursaut s'est produit, justement après l'horreur qu'ils ont subie. Mais depuis, le navire coule de nouveau,  doucement.

Avec l'incontournable polémique, lorsque leur "une" déchaîne un malaise certain ; qui précède invariablement , l'incontournable question :  "peut-on rire de tout ?".  À laquelle il est souvent répondu : "Oui, mais pas avec tout le monde !"

Des humoristes de talent, souvent décriés et critiqués, voire incompris ; tels Bedos, Desproges, qui en ont fait les frais ; tout comme Timsit aussi, avec sa blague sur les trisomiques ; peuvent témoigner qu'il est toujours risqué d'être dans l'humour provocateur. Même s'ils font partie des plus grands ; ils ont eu à en découdre bien souvent. 

Cette semaine, Charlie dépasse l'acceptable en la matière. Mais n'est-ce pas leur unique but ?

Si sur le fond, ils dénoncent quelque chose de réel ; qui dérange ; à savoir cette presse nauséabonde qui se délecte du moindre  fait divers pour en faire leur point de mire sur des semaines ; avancer des hypothèses des plus farfelues, au risque d'orienter l'opinion publique, toujours prête à lyncher tout-un-chacun ! 

Sur la forme, ce n'est pas acceptable ! Il aurait été facile de trouver une toute autre caricature que celle mise en page à la une ; avec ce petit squelette représentant le petit Émile. Mais pour Charlie hebdo, le but recherché, n'est-il pas comparable à ce qu'ils dénoncent ? Être sur le devant des ventes ? 

Je ne regrette pas mon "je suis Charlie" de 2015, en soutien à l'horreur. Mais je ne suis définitivement pas Charlie, le reste du temps ! Et je trouve que non ; on ne peut pas rire de tout !!