Quand on marche sur la tête

Je vais vous parler de la papeterie de la Chapelle Darblay, que peu d'entre vous doivent connaître. 

Qu'a-t-elle donc de spéciale cette papeterie ? Et pourquoi marche-t-on sur la tête à son propos ? 

Mi-juin, elle a fermé ses portes. Les 250 salariés sont sans emploi. Une entreprise de plus qui met les clés sous la porte ... Seulement, cette papeterie est loin d'être "une entreprise de plus" ! Elles sont deux entreprises de ce type en France ! ; l'autre, étant situé dans les Vosges), et les deux appartenant au groupe UPM (entreprise Finlandaise) . Leur spécialité : désencrer le vieux papier. (journaux, magazines, imprimés publicitaires) et le réutiliser . 

La matière première de l'usine de La Chapelle Darblay était constituée de 100 % de papier issu de collectes sélective d'Ile-de-France et du Grand Ouest. Rien qu'en 2019, ce sont 350 000 tonnes de papiers qui ont ainsi été recyclés. Et sont devenus de nouveau 250 000 tonnes du papier journal prêt à être imprimé. 

Nous sommes là, dans un véritable cycle éco-circulaire ; et l'usine allait encore plus loin dans son action environnementale et écologique, puisqu'elle produisait sa propre énergie avec une chaudière biomasse, et utilisait sa propre station d'épuration d'eau. 

Alors le problème se situe où au juste, pour en arriver à la fermeture de cette perle environnementale ? 

Simplement, parce que les journaux de France, privilégient l'achat de papiers Canadien, Russe ou Brésilien ! Et que UPM exporte donc son papier recyclé ! Voilà ce en quoi, nous marchons sur la tête !!! 

UPM, justifie la fermeture de son usine de la Chapelle Darblay, par le fait de la baisse des ventes des journaux papiers (merci le numérique !!!) 

Et nous allons encore plus loin dans la bétise, sur ce dossier : Alors que UPM assure avoir contacté plus de 230 éventuels repreneurs, de l'espace du site, pas question pour eux d'une éventuelle reprise de l'entreprise, afin de ne pas voir de concurrence pointer son nez ! Ils n'ont aucun intérêt à ce que la machine à papier redémarre d'aucune façon, et préfèrent la ferrailler ! 

Et l'État là-dedans ? Il fait quoi pour intervenir ? 

En Mai dernier, quelques parlementaire proposaient l'expropriation temporaire du site et de ses équipements, afin de préserver l'outil productif. En Juin, Bruno Lemaire disait : "Ce site a des atouts, ses atouts sont réels, donc il ne faut pas baisser les bras. Une reprise est possible et nous continuons à y travailler. »

Voilà, comment on marche sur la tête en France ! 

(source : Reporterre)