Un-deux-trois-soleil
Le temps passe, encore et toujours ; inexorablement profond, inlassablement.
Je ne compte même plus les jours, seulement les mois, et c'est déjà énorme. 29 mois ! Plus le temps passe, plus les mois se rallongent, et plus ce maudit temps semble s'écouler grandement.
Lorsque j'étais petite, je jouais souvent avec Géraldine à « un-deux-trois-soleil ». Elle se mettait face au mur du couloir, moi, au bout ; et elle tapait le mur de sa main d'enfant. Un … deux … trois .. sollleeiill !! Et elle lorsqu'elle se retournait, je devais rester immobile. Il y avait les pas de souris, les pas de géant ; un même nombre de pas ne nous faisait pas avancer à la même vitesse vers notre but. Quelle petite fille n'a pas joué à ce jeu ? J'adorais ce jeu, et avec ma sœur, nous passions des heures à ça. Lorsque j'atteignais enfin le but, mes mains frappaient le mur, et j'entourais Géraldine de mes bras. Elle se retrouvait encerclée, et nous riions …
J'ai l'impression que ma vie maintenant n'est qu'un immense « un-deux-trois-soleil ».
Le temps qui me sépare de toi est passé à pas de géant, et le temps qui me reste à souffrir cette absence avance à pas de souris... seulement, je ne suis pas dans un jeu que je peux arrêter à tout moment.
Je le voudrais tellement pourtant ! Rester figée comme dans le jeu … sans bouger, sans respirer.
C'est toi maintenant qui est au bout du couloir, et les pas de souris sont devenus des pas de fourmi.. mais un jour, ces petits pas de fourmi me mèneront jusqu'à toi, je te prendrais dans mes bras, et nous rirons aussi ... sans fin ….