Lettre à l'absente

2 janvier 2012

Nous entamons une nouvelle année ; une de plus !

Tous les ans, lorsque nous passons à l'année suivante, le bilan se fait systématiquement. Bilan de ce qui vient de s'écouler, des bonnes choses vécues, des moins bonnes qu'on espère vite oublier. Des espérances que l'on souhaite voir se réaliser dans la nouvelle année à venir. Notamment que celle-ci soit forcement meilleure que celle qui vient de finir.

Pour beaucoup, la nouvelle année sera une année de merde ; avec plein de tristesse, beaucoup de chagrin sans doute, associées à plein de joies aussi. Parce que c'est ainsi que la vie est faite pour tout le monde.

A chacun ensuite de faire son tri pour ne garder que le meilleur de toute une année. Et ainsi de suite ; ça recommence éternellement jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que ce soit notre dernière année à entamer.

Nous entamons une nouvelle année ; une de plus !

Le cycle de la vie fait que nous devons affronter la mort de ceux que nous aimons. Nous subissons un événement cruel à un moment, et nous continuons à avancer ensuite. Chaque année qui passe, nous fait être confronté à ça ; parce que, plus le temps passe et plus les gens autour de nous meurent. Plus tu vieilli, plus tu perds du monde ; et un jour, c'est toi qui te retrouve à faire partie du monde que quelqu'un perdra.

Nous entamons une nouvelle année ; une de plus !

Une de plus dans laquelle je n'arrive plus à être bien. Une de plus ou l'absence l'emporte sur tout.

Une de plus ou la vie me semble ressembler à un immense ban de sable sur lequel ma navire à échoué. Je continue cependant à ramer désespérément pour poursuivre ma route avec le reste des matelots de mon embarcation ; mais ramer sur le sable m'épuise tellement ! Et je me rends compte que je rame sur des sables mouvants.

Deux ans et demi que mon bateau ressemble au Titanic ; et que doucement je coule jusqu'à me faire engloutir.

Je sais que j'aurai pu surmonter un deuil ; ça aurait été terrible, mais j'aurais pu. Mais on ne surmonte pas une disparition. C'est de l'ordre de l'impossible pour tout un chacun ; et je ne suis supérieure à personne !

Pas un jour ne passe sans que mon chagrin s'en aille. Pas un mois ne passe sans que temps ne meurtrisse mon cœur encore plus. Pas une année ne passe sans que je me dise : Nous entamons une nouvelle année ; une de plus ! Une de plus sans toi. Sans ton sourire, sans ton rire. Sans tes coups de gueule, sans tes révoltes, sans tes idées.

Je me demande comment j'arrive encore à vivre sans tout ça. Je ressemble à un corps branché sur un respirateur artificiel ; la pompe fait tout, mais le reste est cliniquement mort. Et comme les corps comateux, je ressent encore tout, j'entends ceux que j'aime autour de moi, et bien que je les aime aussi tellement, j'aimerais tant être débranchée.... et avancer vers mon destin, vers ma destinée.