Je me le suis permis ...

Je viens de faire ma vieille "peau de chameau", avec un tel plaisir, que je vais le partager.

Nous sommes dans le hall d'accueil de la cure. Chacun attend là, son heure d'entrée dans le vestiaire, qui est annoncée par un minuteur. Je suis arrivée en avance, et donc je suis assise dans un des fauteuils très inconfortables, et patiente en faisant un mon "binero". Nous sommes une bonne trentaine dans ce hall, répartis dans deux espaces.

Là, je me trouve au milieu de 15 personnes, majoritairement en train de jouer sur leur téléphone portable, d'autres en train de lire ou de discuter ; au milieu d'un léger brouhaha, en bruit de fond. Nos assises étant disposées en U.

D'un seul coup, la sonnerie d'un téléphone chante. Une charmante dame, saisie donc son portable et prend l'appel. Alors que nous nous attendions tous, visiblement à un discret : "je ne peux pas te parler maintenant, je te rappelle plus tard" ; voici que sa conversation supplante le bruit de fond avec un "non, non ... Tu ne me déranges pas, j'attends mon tour !". Sans se déplacer le moins du monde pour sortir converser ; elle enchaîne sur "attends, je n'entends rien" et enclenche aussi sec le haut-parleur.

Nous sommes plusieurs à lever le nez de nos activités, et à nous regarder avec étonnement, sur l'attitude de cette dame ; devenue, maintenant, bien moins charmante.

Alors que personne n'a rien osé dire ; nous avons tous profité d'une conversation totalement creuse, de deux personnes qui s'appellent alors qu'elles n'ont rien à se dire. Des banalités consternantes ; avec des réponses sans aucun intérêt. Et c'est qu'elles s'en sont racontées les p'tites dames ... Encore et encore. Avec le prix de la coiffeuse ... La visite du fiston ... Le chien qui est allé chez le véto... L'autre, répondant qu'elle n'avait pas pu amener Pitou ...

Au bout de 10 mn, notre septuagénaire, voyant l'heure de son entrée arrivée, dit à son interlocutrice "je vais te laisser ... Il faut que j'entre au vestiaire bientôt." Et elle raccroche enfin.

Soulagement sur nos visages à tous ! Et là ... Je ne sais pas ce qui m'a pris ...

Moi : (m'adressant à la dame, très gentiment, avec un grand sourire et parlant volontairement fort) C'était qui ?

Elle (très surprise) : Ben ... Ça ne vous regarde pas ! (là, plus aucun bruit de fond ...)

Moi (toujours avec le sourire) : Ha ben si ... Vous avez jugé utile que nous participions tous à cette conversation ; on va rester sur notre faim si on ne sait pas qui c'était !

Elle (se levant de son fauteuil, très vexée) : Ben vous ne manquez pas de culot vous !

Moi (toujours souriante et d'une voie volontairement gentille) : Bon .. Alors ... C'était qui ?

Je crois qu'au final, ce qui a le plus vexé la dame, aura été les rires, et même quelques applaudissements, qui ont été entendus.

La dame est rentrée dans le vestiaire ... Et nous n'avons jamais su qui était au téléphone !

 Ce moment a été franchement ... (comment dire...) ... Carrément jouissif ! 

Je ne supporte pas les accros du téléphone qui répondent à tout, tout le temps, sans respect des autres.