Lettre à l'absente

26 août 2013

Sans être accro, c'est une visite habituelle. Pas rythmée de protocole, ni organisée. Plutôt selon le temps, et l'envie. (En même temps, j'ai toujours du temps et toujours l'envie). Je ne reste pas forcement des heures, mais ça arrive.

Il y a un besoin chez moi. Comme pour rattraper un temps perdu.

Et je reste là, en silence. Sans parole, sans même une pensée. Seulement là ; auprès de toi.

Comme lorsqu'on câline un être de chair et de sang, et que le moment se suffit à lui même. Que le cerveau ressent une telle sérénité qu'il ne s'agite plus de mille pensées.

Je n'ai pas cette sérénité, juste un apaisement de te savoir là. Même si mon esprit te sait ailleurs. Parce que, je te crois ailleurs, toi, toute entière.

Et que j'ai bien conscience que devant moi, sous cette terre qui est désormais la tienne, ne se trouvent que des reliques. Reliques que je ne viens pas vénérer, mais seulement tenter de trouver auprès d'elles, l'apaisement à ma peine.

Et dans un sens, c'est assez vicieux, car en venant trouver cet apaisement, je réveille chaque fois la douleur de la peine et du chagrin réunis. Mais je me dis qu'à force de temps, ceux-ci iront en diminuant et que la sérénité sera la seule résultante de mes visites.

Je ne suis pas dans l'adoration irrationnelle ; celle qui nait lorsque les gens meurent et qu'ils n'ont plus que des qualités, sans aucun défauts. Je reste lucide sur les années passées, les soucis qui y ont été liés. Les si jolies choses vécues, et les jours bien plus sombres qui sont aussi passés. Ton « caractère de cochon » bien présent malgré tout, mais un aura tel, d'humanité, de valeurs et de passion, que ça emportait tout le reste.

Et dans le bilan de tes 25 ans, je suis très fière de la personne que tu auras été.

Je ne dirais pas que « je suis très fière que tu aies été ma fille » parce que ça ramènerait à moi, quelque chose qui n'appartient qu'à toi. Alors je préfère écrire plus modestement, que je suis très fière d'avoir été la maman d'un aussi jolie personne, avec une aussi belle âme.